La sécurité sociale a aujourd’hui plus de 75 ans.
Pourtant elle n’a pas pris une ride quoiqu'en disent ses détracteurs.
Elle est certes abîmée, meurtrie de toutes les attaques subies, mais toujours aussi pertinente. Si au fil du temps elle a subit de rude coup, elle reste solide. Lors de la crise de 2008 et aujourd’hui où nous sommes confrontés à une terrible crise sanitaire, notre système de Sécurité sociale reste un rempart en particulier pour les personnes les plus fragiles.
Le besoin de protection a toujours existé chez l’être humain. L’aide réciproque, la solidarité remonte à la nuit des temps.
De tout temps ceux qui possèdent les richesses, les terres, les moyens de production, ne craignent ni la maladie, ni la vieillesse. Les ouvriers, les paysans, qui ne possèdent souvent que leur force de travail vivent dans la perpétuelle hantise de se retrouver dans l’incapacité de travailler.
Dès le XIIème siècle se développent les confréries qui permettaient d’apporter une aide.
Mais ces systèmes étaient imparfaits et limités. Le sort des ouvriers, paysans, artisans, privés de ressource soit du fait de la maladie, d’un accident ou devenus trop vieux pour travailler reposait sur l’entraide intergénérationnelle ou la charité.
Le développement industriel et son cortège de souffrance pour la classe ouvrière sera le creuset des aspirations sociales.
Mais les réponses apportées aux revendications restaient très insuffisantes et ne concernaient qu’une partie limitée de la population.
La loi sur la réparation des accidents du travail, en 1898, créé un système d’assurance obligatoire, qui relève de compagnies commerciales. En 1932, la loi créant une allocation couvrant les charges familiales est financée par une cotisation patronale.
La retraite ouvrière et paysanne (ROP), créée en 1910, est un système par capitalisation qui ne permet pas d’assurer de véritables moyens d’existences aux retraités, les rentes versées sont trop faibles du fait de la modicité des cotisations et de l’érosion monétaire.
La gestion des Assurances Sociales, créées en 1930, assurées par de multiples caisses (patronales, syndicales, mutualistes…) , est source d’inégalités entre les assurés.
Du Conseil National de la Résistance (CNR) aux ordonnances d’octobre 1945.
Cette grande idée, « donner à toute la population une protection contre tous les aléas de la vie, de la naissance à la mort », est issue du programme du Conseil National de la Résistance, intitulé « les jours heureux » qui prévoyait « un plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existences dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’état. »
C’est Ambroise Croizat, un ouvrier métallurgiste, militant de la CGT, député PCF de la Seine en 1936, ministre du travail de novembre 1945 à 1947 qui sera le maître d’œuvre de la Sécurité sociale. Dans cette bataille acharnée il fut assisté de Pierre Laroque, haut fonctionnaire rallié à De Gaulle dès la première heure.
Ambroise Croizat a disposé de moins de 2 ans pour mettre en place cet extraordinaire édifice.
Il n’était pas seul, mais il fut, en tant que ministre, le moteur de cette réforme. Sans sa volonté, son opiniâtreté elle n’aurait pu voir le jour. Tirant les enseignements des échecs des précédentes tentatives il a pu bâtir un système profondément révolutionnaire. Le patronat ne s’y est pas trompé qui depuis la création de la Sécurité sociale mène une bataille acharnée contre notre régime.
La sécurité sociale est bâtie autour de quatre principes toujours d’actualité.
• L’unicité, un seul régime couvrant tous les « risques sociaux » maladie, vieillesse, décès, invalidité, maternité, accidents du travail jusque là souvent gérés par des assurances privées « assurer le bien être de tous de la naissance à la mort, De faire enfin de la vie autre chose qu ‘une charge ou un calvaire » A. Croizat à l’assemblée nationale le 20 mars 1946).
• L’universalité, Cette un régime obligatoire qui devait être étendue à tous les citoyens. Les non salariés, artisans, commerçants, agriculteurs refuseront d’intégrer le régime général de Sécurité sociale.
• La solidarité : « Chacun paye selon ses moyens et reçoit selon ses besoins »
Un des principes fondateurs de la Sécurité sociale et sans doute le plus important. Solidarité entre malades et biens portants, entre ceux qui ont des enfants et ceux qui n’en n’ont pas, solidarité inter générationnelle. De ce principe découle un financement assis sur les richesses créées par le travail. Ces cotisations, salariales et patronales, obligatoires, prélevées directement sur le salaire, représentent une partie du salaire socialisée, mis dans un gigantesque pot commun, dont le salarié bénéficiera en cas de besoin. Diminuer les cotisations revient à diminuer le salaire.
• La démocratie Pour Ambroise Croizat, la sécurité sociale ne devait pas être étatisée et devait être gérée par les représentants de assurés sociaux. Ce qu’il redoutait s’est hélas révélé exacte. De réformes en réformes, l’état a pris la main sur la gestion, les représentants des assurés n’ont plus aucun pouvoir.
C’est à travers le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) que le parlement décide du budget de la Sécu. C’est ainsi que tous les ans ce budget est réduit. Les personnels des établissements, les soignants, les assurés en subissent les conséquences.
La Sécurité sociale c’est notre bien commun
Applaudir c’est bien mais demain il faudra exiger de l’argent pour la Sécurité sociale
enfin que la santé de tous puisse être garantie.